Thursday, May 18, 2006

Chapitre 9 – Une pause

Une maison d’arrêt c’est par éfinition là où tout s’arrête. Jean-Jacques s’était fait coffrer pour une histoire à la con. C’était un pigeon, faux papiers, pour rendre service, parce que l’autre insiste, « c’est jamais qu’une copie, tu risques rien ». Scénario classique, tout le monde balance au bout de quelques heures chez les flics. Personne ne voulait le croire, il n’avait rien touché, c’était trop gros, c’était vrai. Séjour aux Baumettes en attendant un jugement qui traîne. Le but du jeu, devenir invisible, nul ne te remarque, nul ne sait qui tu es, tranquille. Profil bas, Jean-Jacques avait un physique ordinaire, ça aide. Moi-même j’avais mis un moment à m’apercevoir qu’il était assis à ma table. En prison on se réfugie. On se réfugie dans la télévision, dans la lecture, dans la masturbation, dans la violence. Passe-passe le matos de cages en cages et là… ça lui échappe, la boulette échoue de l’autre côté, là où ils ne pourront plus la rattraper. Il était devenu visible, il fallait qu’il paye pour sa faute. Jean-Jacques avait l’impression d’avoir un gyrophare planté dans son crâne, un gyrophare de flics. Dehors il n’était qu’un détail dans une grosse affaire mais aux Baumettes ils allaient lui faire payer sa maladresse. Il fait doux au terrasse café. Je me surprends à lui conseiller de fouiller dans ses poches. Il en sort un papier officiel plié en 4. « Alors ? » Il me répond : « Je sors dans une semaine » C’est une bonne nouvelle, une très bonne nouvelle.

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