Thursday, May 18, 2006

Chapitre 3 - L’ombre

Un mois sans rien. Plus de rendez-vous sur la plage. Vendredi soir dîner chez ma mère, avec les gosses, toujours les mêmes histoires, tiens-toi droit, t’as un couteau sers-toi-en, et pour finir une petite poire devant la télé. Quand je vais chez ma mère je n’ai plus le même âge, je perds au moins 20 ans et ensuite 6 mois par « oui, maman », un coup à finir sur la table à langer en moins de deux. Tout le monde dort, pas de porno sur le câble, dodo. Un vague tourbillon me ramène au fond de la tasse où mon sucre attend son heure. Un petit tour de cuillère juste pour le goût et garder pour la fin une épaisse couche de sucre couleur café. Il me semble reconnaître une ou deux figures, des habitués. Isa est venue avec ses chats, drôle d’idée. Mon attention se porte alors sur un détail bien particulier : si les personnes qui viennent ici changent souvent, celui qui doit forcément rester le même c’est le serveur. Pourtant je n’arrive pas à me souvenir de son visage, ni de son uniforme. J’ai commandé un café, quelqu’un est donc venu me le servir. Je vois une ombre aux contours flous naviguer lentement derrière le comptoir. Le terrasse café est un endroit paisible où les gens parlent tranquillement, ils viennent faire une pause. Il n’est pas bon que l’on se pose trop de questions. C’est vrai qu’on est bien là, même les vagues semblent se retenir pour ne pas faire trop de bruit. J’ai toujours pris mon café dehors, sur la terrasse, il fait toujours beau, la nuit ne tombe jamais, la température est celle d’une belle journée de printemps dans le sud, un très léger souffle vous rappelle qu’on est au bord de la mer, je n’ai jamais vu de mouettes ou d’animaux marins, on boit toujours du café, visiblement de Cuba, il n’y a rien marqué sur les tasses, il n’y a pas de publicité sur les murs, il n’y a pas d’argent, seule fantaisie possible vous pouvez demander aussi un verre d’eau et personne ne semble se soucier du fait que le serveur est une ombre. Qui a décidé qu’un endroit pareil devait exister ? J’aimerais en savoir plus mais la météo de jacques Kesler sur France Inter me rappelle qu’il est déjà 6h45 et qu’il y a une vie après les rêves.

0 Comments:

Post a Comment

<< Home